France (géographie)
1 PRÉSENTATION
France (géographie), caractéristiques géographiques de la France métropolitaine et des départements et territoires d’outre-mer.
Un complément d’informations sur la France se trouve aux articles France (population et société), France (économie) et France (histoire).
2 SITUATION GÉOGRAPHIQUE
2.1 Frontières
Pays d’Europe occidentale, la France est bordée au nord-est par la Belgique, le Luxembourg et l’Allemagne ; à l’est par l’Allemagne, la Suisse et l’Italie ; au sud-est par la mer Méditerranée (golfe du Lion) et la principauté de Monaco ; au sud-ouest par l’Espagne, la principauté d’Andorre et le golfe de Gascogne ; à l’ouest par l’océan Atlantique ; et au nord-ouest par la Manche et le détroit du pas de Calais, qui sépare la France du Royaume-Uni et relie la Manche à la mer du Nord.
Les frontières nationales qui totalisent 5 660 km correspondent, pour l’essentiel, à des frontières naturelles. Sur 2 970 km de frontières terrestres, près de 1 750 km sont représentés par des montagnes (Alpes, Jura, Pyrénées), tandis qu’une partie de la frontière franco-allemande emprunte, sur 195 km, le cours du Rhin. Le pays possède une façade littorale de près de 3 427 km, ouverte à la fois sur l’océan Atlantique et ses mers bordières (mer du Nord, Manche, mer d’Iroise) et sur la mer Méditerranée.
2.2 Superficie
De forme presque hexagonale et de dimension moyenne, la France occupe, entre l’Atlantique et la Méditerranée, un isthme étroit, à l’extrémité occidentale du continent. Elle s’étend, du nord au sud, sur une longueur de 973 km, et atteint une largeur maximale, d’est en ouest, d’environ 950 km.
La superficie de la France métropolitaine est estimée entre 543 965 km² selon le cadastre et 551 695 km2 selon l’Institut géographique national (IGN), d’après les mesures géodésiques, ce qui place le pays au 3e rang européen après la Russie et l’Ukraine, et au 48e rang mondial. La capitale, Paris, est la plus grande ville du pays.
2.3 Composantes du territoire français
La France continentale s’étend, du nord au sud, entre 51° 5’ et 42° 20’ de latitude nord et, d’ouest en est, entre 5° 56’ de longitude ouest et 7° 9’ de longitude est. La diversité des reliefs et des milieux bioclimatiques entraîne une étonnante variété de paysages. Située à la charnière de l’Europe du Nord et de l’Europe du Sud, la France présente un condensé des principaux domaines physiques du continent européen (voir Europe).
La France comprend plusieurs îles, dont la plus grande est la Corse (8 680 km²), et dix possessions d’outre-mer, éparpillées sur l’ensemble du globe : Saint-Pierre-et-Miquelon (Atlantique Nord), la Guyane (Amérique du Sud), les Antilles françaises (Martinique, Guadeloupe), Mayotte et la Réunion (océan Indien), les îles et archipels d’Océanie, dans l’océan Pacifique (Polynésie française, Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna), et les terres Australes et Antarctiques françaises (TAAF).
3 RELIEF
3.1 Un pays de contrastes
Pays d’altitude modérée (342 m en moyenne), la France présente des reliefs variés et contrastés. Alors qu’elle est bordée, sur ses périphéries orientale et méridionale, par des barrières montagneuses élevées, un ensemble de moyennes montagnes occupe le centre et le nord-est du pays, ainsi que la Corse, tandis que de vastes régions de plaines, de collines et de bas plateaux s’étendent depuis le nord jusqu’au sud-ouest. Près de 62 p. 100 du territoire français sont situés en dessous de 250 m d’altitude et seulement 7 p. 100 au-dessus de 1 000 m.
La partie du territoire la plus élevée et la plus accidentée se situe à l’est d’une ligne Bayonne (au sud-ouest)-Thionville (au nord-est). À la France montagneuse de l’Est et du Sud, aux forts contrastes topographiques et aux reliefs compartimentés s’oppose la France des bassins et des socles usés (Massif armoricain, Ardenne) du Nord et de l’Ouest, dont les plaines et les bas plateaux s’étendent à une altitude le plus souvent inférieure à 250 m. Un ensemble de seuils (passage entre deux bassins), de larges vallées et de fossés d’effondrement facilite la circulation à travers le territoire.
Au cours des temps géologiques, l’évolution des reliefs a été conditionnée par de multiples changements climatiques, par des processus d’érosion très variés et par des phases d’intenses mouvements tectoniques. Trois grands types de reliefs résultent de cette longue morphogenèse : les hautes montagnes (Pyrénées, Alpes occidentales), issues de l’orogenèse alpine (ère tertiaire) ; les moyennes montagnes constituées, à l’exception du Jura (plissement alpin), par des massifs anciens hercyniens rajeunis par le contrecoup des mouvements orogéniques tertiaires (Massif central, Vosges, Corse, Estérel, Maures) ; enfin, les plaines et les bas plateaux correspondant aux bassins sédimentaires (Bassin parisien, Bassin aquitain), aux massifs anciens faiblement rajeunis (Massif armoricain, Ardenne), aux grands fossés tectoniques (Limagne, Couloir séquano-rodhanien, plaine d’Alsace) et aux plaines côtières (plaines méditerranéennes du Bas-Languedoc et du bas Rhône, Flandre maritime).
3.2 Montagnes
3.2.1 Hautes montagnes
Issues de mouvements tectoniques récents (plissement alpin) nés de la collision des plaques eurasienne et africaine (voir tectonique des plaques), les Alpes françaises et les Pyrénées sont des montagnes jeunes dont la surrection a débuté au cours du crétacé. L’orogenèse alpine a connu deux phases de paroxysme au cours de l’ère tertiaire : au début de l’éocène (environ 60 millions d’années) pour les Pyrénées, puis à la fin de l’oligocène et au début du miocène (entre 25 à 30 millions d’années) pour les Alpes.
Ces hautes montagnes du sud et du sud-est de la France se rattachent à l’Europe « alpine », caractérisée par une succession de chaînes plissées récentes d’âge tertiaire, depuis la péninsule Ibérique jusqu’à la mer Noire (chaîne Bétique, Pyrénées, Alpes, Jura, monts Apennins, Carpates, Caucase). Celles-ci présentent des altitudes souvent élevées (5 642 m au sommet du mont Elbrous, dans le Caucase), et s’accompagnent d’une forte instabilité tectonique (volcanisme, sismicité). Le sud-est de la France, comme l’ensemble du pourtour de la Méditerranée, connaît un risque sismique important (voir séisme).
Fortement escarpées, les Alpes françaises et les Pyrénées ont été sculptées par l’érosion glaciaire et périglaciaire. Commencées il y a environ 2,5 millions d’années, les glaciations quaternaires (voir période glaciaire), qui ont donné naissance à de puissants glaciers, ont fortement marqué les montagnes de leur empreinte : versants abrupts, cirques glaciaires (cirque de Gavarnie), crêtes acérées, auges glaciaires, dépôts morainiques ou fluvio-glaciaires, lacs de surcreusement (lac d’Annecy, lac du Bourget) ou de barrage morainique (lac Léman), etc. La déglaciation est récente (environ 10 000 ans).
3.2.1.1 Alpes françaises
Les Alpes françaises couvrent une superficie d’environ 35 000 km2. Un grand nombre de sommets culminent à plus de 4 000 m d’altitude, dont le mont Blanc (4 810 m), plus haut sommet des Alpes et l’un des sommets les plus élevés d’Europe, ainsi que les Grandes Jorasses (4 208 m) ou encore la barre des Écrins (4 103 m), dans le massif du Pelvoux (ou massif des Écrins). Loin de constituer une barrière, en dépit de leur masse et d’une altitude moyenne élevée (1 121 m), les Alpes françaises constituent un massif montagneux facilement pénétrable (surtout les Alpes du Nord), ouvert sur le Sillon rhodanien par des cluses et aéré par de profondes auges glaciaires. Celles-ci forment de larges couloirs de pénétration longitudinaux (Sillon alpin dans les Alpes du Nord, vallée de la Durance dans les Alpes du Sud) et transversaux (Tarentaise, Maurienne, Romanche) au cœur des montagnes qui, en facilitant les communications, ont favorisé des implantations urbaines très précoces.
Les Alpes françaises, qui forment la frontière avec la Suisse et l’Italie, constituent la terminaison occidentale de l’arc alpin qui s’étire sur 1 200 km depuis le sud de la France jusqu’en Autriche. Les Préalpes, d’altitude moyenne (point culminant : 2 752 m), précèdent les hautes Alpes, aux sommets englacés, au-delà du Sillon alpin.
Les Alpes françaises comprennent deux parties distinctes : les Alpes du Nord et les Alpes du Sud. Les Alpes du Nord, les plus élevées, se subdivisent, d’ouest en est, en quatre zones parallèles, orientées nord-est / sud-ouest : les Préalpes du Nord (Chablais-Giffre, massif des Bornes, les Bauges, Grande-Chartreuse, Vercors) forment un ensemble de massifs plissés sédimentaires, essentiellement calcaires, séparés par des cluses (cluses d’Annecy, de Chambéry, de Grenoble), et dominant par de hautes corniches le piémont dauphinois ; le Sillon alpin est une large vallée en auge, d’une altitude moyenne de 200 m à 300 m et large de 10 km à 20 km, s’étendant depuis la vallée du Drac au sud jusqu’à la vallée de l’Arve au nord, englobant le val d’Arly et la moyenne vallée de l’Isère (Combe de Savoie, Grésivaudan) ; à l’est, la zone axiale est constituée par les hauts massifs centraux cristallins (massifs du Mont-Blanc, de Beaufort, de Belledonne, du Pelvoux, de l’Oisans) aux crêtes acérées, couverts de glaciers résiduels (mer de Glace, 2 300 m d’altitude) ; enfin, la zone interne ou intra-alpine est représentée essentiellement par des nappes de charriage (massif de la Vanoise, massif du Mont-Cenis). Le Sillon alpin, où débouchent le cours supérieur de l’Isère (Tarentaise) et la vallée de l’Arc (Maurienne), constitue avec ces derniers d’importants axes de pénétration et de circulation. Les cols sont élevés, à l’image du col de l’Iseran (2 770 m), du col du Mont-Cenis (2 090 m) qui permet de communiquer avec l’Italie, ou encore du col du Petit-Saint-Bernard (2 157 m), en direction de la Suisse.
Les cols du Galibier (2 645 m) et du Lautaret (2 058 m) marquent la limite entre les Alpes du Nord et les Alpes du Sud. Moins hautes que les Alpes du Nord et plus arides, les Alpes du Sud offrent davantage d’obstacles naturels et sont moins propices à l’activité économique. Elles présentent un relief plus confus, dominé par des massifs centraux (Oisans, Mercantour) et des cols élevés (col de l’Isoard, 2 361 m). Elles se caractérisent également par une grande extension des massifs de la zone intra-alpine (Briançonnais, Queyras, Embrunais), précédés à l’est et au sud par les chaînons calcaires des Préalpes du Sud : Dévoluy, Diois, Baronnies, Lubéron, monts de Vaucluse et mont Ventoux à l’ouest de la Durance ; Alpilles, Plans de Provence, hauts plateaux désertiques (800 m), entaillés par des gorges profondes (Verdon), massif de la Sainte-Baume, montagne Sainte-Victoire, plateau de Valensole, Préalpes de Digne, de Grasse, de Castellane et de Nice, à l’est de la Durance.
3.2.1.2 Pyrénées françaises
Plus ancienne que les Alpes, la chaîne des Pyrénées, qui marque la frontière entre la France et l’Espagne, sépare l’Europe de la péninsule Ibérique. Plus abrupte du côté français que du côté espagnol, elle présente de puissants escarpements et s’allonge sur 430 km, depuis l’Atlantique (Pays basque) jusqu’à la Méditerranée (Roussillon), formant une chaîne étroite (40 km de large pour le versant français).
Les Pyrénées françaises culminent dans les Pyrénées centrales (entre la vallée de l’Aspe et le col de Puymorens), au sommet du pic Vignemale (3 298 m), dans le massif de Néouvielle. Elles s’abaissent vers l’Atlantique pour laisser place à une moyenne montagne (Pyrénées occidentales).
Plus massives et plus compactes que les Alpes, les Pyrénées forment, contrairement à ces dernières, une montagne-barrière difficilement pénétrable, en dépit d’une altitude moyenne moins élevée (1 008 m). L’isolement et le cloisonnement sont le résultat de l’altitude des cols (col du Tourmalet, 2 115 m ; col du Somport, 1 632 m) et des vallées orientées nord-sud (gave d’Oloron, gave d’Ossau, gave de Pau, Ariège), séparées par des lignes de crêtes faisant obstacle aux communications transversales est-ouest. Les Pyrénées orientales (massif du Canigou, 2 784 m) font toutefois exception puisque le relief montagneux y est aéré par de nombreux bassins : Cerdagne, Capcir (haute vallée de l’Aude), Conflent (vallée supérieure de la Têt), le Vallespir (haute vallée du Tech).
Les Pyrénées françaises présentent un dispositif structural en bandes longitudinales. On distingue, du nord au sud, une zone axiale constituée de roches anciennes primaires (mont Canigou, pic du Midi de Bigorre), une zone nord-pyrénéenne essentiellement calcaire et fortement plissée et enfin les courts chaînons des Prépyrénées (Plantaurel, Corbières) qui dominent le vaste piémont pyrénéen, constitué de matériaux détritiques.
3.2.2 Moyennes montagnes
3.2.2.1 Aspects géologiques
Les zones de moyennes montagnes, qui occupent une grande partie du territoire, présentent des caractéristiques communes, à savoir une altitude modérée, le plus souvent inférieure à 2 000 m, et un relief émoussé, aux formes lourdes et aux sommets arrondis.
À l’exception du Jura, les moyennes montagnes correspondent à d’anciens hauts massifs hercyniens, constitués principalement de roches cristallines et métamorphiques (granites, gneiss, micaschistes) formant l’actuel soubassement du territoire français. La formation de ce socle primaire remonte à près de 280 à 300 millions d’années. La France hercynienne se rattache, par ses caractéristiques structurales et morphologiques aux reliefs de l’Europe moyenne.
Après avoir été arasés par de longues périodes d’érosion et nivelés à l’état de pénéplaine à la fin de l’ère primaire, ces massifs anciens ont été affectés par les grands mouvements orogéniques de l’ère tertiaire qui ont donné naissance aux Alpes et aux Pyrénées. Le vieux socle hercynien s’est retrouvé, par contrecoup, soulevé et fracturé. Ce vigoureux rajeunissement s’est accompagné de dislocations tectoniques : des portions de socle se sont effondrées (Limagne, Alsace), tandis que certaines cassures ont donné lieu à des phénomènes volcaniques (Auvergne). Cependant, il n’a pas affecté de la même façon tous les massifs anciens. Ainsi, le Massif armoricain ou l’Ardenne, faiblement soulevés, s’apparentent davantage, par leur relief, à la France des plaines et des bas plateaux.
3.2.2.2 Jura
Situé dans le prolongement septentrional des Alpes, le massif du Jura (altitude moyenne : 660 m) marque la frontière avec la Suisse depuis la vallée du Rhône jusqu’à la trouée de Belfort, également appelée porte de Bourgogne ou porte d’Alsace, dépression permettant le passage entre les bassins du Rhin (plaine d’Alsace) et de la Saône. Il se poursuit vers le nord-est en Allemagne (Jura souabe et franconien).
Le Jura français s’étend sur la Franche-Comté (Jura, Doubs) et dans la Région Rhône-Alpes (Ain), et forme, de Bâle (au nord) à Chambéry (au sud), un long croissant d’environ 250 m de long et 70 km de large. Il se rattache, par ses altitudes et ses reliefs, à la France des moyennes montagnes hercyniennes, mais il s’en différencie par sa structure et sa genèse. Le Jura est en effet une chaîne récente, constituée d’épaisses séries de sédiments secondaires ou mésozoïques (calcaires jurassiques) dont le plissement est contemporain de celui des Alpes. Le dispositif structural de la chaîne oppose le Jura des monts ou Jura plissé (à l’est) au Jura des plateaux (à l’ouest) ou Jura tabulaire.
La partie orientale du massif correspond au Jura interne plissé, caractérisé par des plis serrés résultant de l’orogenèse alpine. C’est la partie la plus élevée du massif, culminant au Crêt de la Neige (1 718 m) et au Reculet (1 720 m). Il présente un relief caractéristique (relief jurassien) constitué de plusieurs chaînons parallèles (monts ou anticlinaux), d’orientation nord-est / sud-ouest et entrecoupés par des cluses (cluses des Hôpitaux, de Nantua-Bellegarde et d’Ambérieu-Culoz), et qui se rejoignent vers le sud (Bugey). Ceux-ci sont séparés par des vaux, dépressions développées dans des synclinaux.
Le Jura occidental, ou Jura externe, est essentiellement constitué de hauts plateaux karstiques (dolines, rivières souterraines, grottes, reculées, etc.) ondulés, étagés entre 500 m et 1 000 m d’altitude au-dessus de la vallée de la Saône : plateaux de Champagnole, de Levier, de Moirans, de Poligny, d’Ornans, etc. Le rebord occidental (Revermont au sud, Vignoble au nord), profondément indenté par des reculées, domine par des corniches escarpées, d’une hauteur de 300 m, la plaine de la Saône (Bresse au nord, Dombes au sud), remblayée par des dépôts détritiques tertiaires et des dépôts morainiques quaternaires.
3.2.2.3 Vosges
D’une altitude modeste (530 m en moyenne), le massif hercynien des Vosges s’allonge au nord de la trouée de Belfort, parallèlement à la plaine d’Alsace et au massif de la Forêt Noire (Allemagne) sur 125 km (du nord au sud), et atteint une largeur maximale d’environ 70 km. Il s’étend sur les Régions de l’Alsace, de la Lorraine et sur une petite portion de la Franche-Comté (Territoire de Belfort, Haute-Saône).
La lourdeur de ses formes contraste avec le vigoureux encaissement du réseau hydrographique consécutif au soulèvement tertiaire. Le massif porte les traces des glaciations quaternaires. La dernière glaciation würmienne a donné naissance à plusieurs lacs (lac de Gérardmer, lac de Longemer). Inégalement soulevé, le massif vosgien, essentiellement forestier, présente une double dissymétrie : entre les hautes Vosges cristallines au sud et les basses Vosges gréseuses au nord d’une part, et entre le versant raide alsacien (à l’est) et le versant doux lorrain (à l’ouest) d’autre part.
Les Vosges méridionales, ou Vosges cristallines (socle primaire), constituent la partie la plus élevée du massif (altitude supérieure à 900 m). Ses sommets arrondis (ballons) culminent au ballon de Guebwiller (1 423 m) ou au ballon d’Alsace (1 250 m). Les Vosges septentrionales, ou Vosges gréseuses, présentent une couverture sédimentaire (grès roses du trias) datant du début de l’ère secondaire (mésozoïque), découpée par de larges vallées profondément encaissées dont l’érosion a dégagé de belles cuestas. D’altitude plus modeste, elles dépassent rarement 1 000 m.
La retombée des Vosges, sur le fossé tectonique (graben) de la plaine d’Alsace, est abrupte, en liaison avec la présence d’un escalier de failles. Le versant alsacien, très raide, présente des dénivellations importantes (jusqu’à 1 000 m dans le sud du massif). Le contact avec la plaine se fait par le gradin intermédiaire des collines sous-vosgiennes. Les plateaux gréseux du versant lorrain ont une déclivité moins forte. La traversée du massif est rendue difficile par l’altitude souvent élevée des cols (1 145 m au col de la Schlucht). La trouée de Saverne (330 m) constitue le seul passage naturel, à travers les Vosges, entre l’Alsace et la Lorraine.
3.2.2.4 Massif central
Le Massif central est le plus vaste des massifs hercyniens. À l’instar des Vosges, il a été vigoureusement rajeuni à l’ère tertiaire par le contrecoup du soulèvement des Alpes et du Jura, dont il se trouve séparé par le Sillon séquano-rhodanien (vallées de la Saône et du Rhône). Le socle rigide a été disloqué dans sa partie orientale et centrale en horsts et en fossés d’effondrement, tandis que des phénomènes volcaniques se sont produits à la faveur de certaines cassures. Inégalement soulevé, il forme un massif dissymétrique, plus relevé au sud et à l’est en raison de la proximité du plissement alpin.
Le Massif central constitue un ensemble de hautes terres (altitude moyenne : 715 m) couvrant près d’un sixième du territoire (environ 90 000 km2). Il s’étend sur l’Auvergne et le Limousin, ainsi que sur une partie des Régions Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon, Rhône-Alpes, Centre et Bourgogne. Fortement compartimenté, il présente une grande variété de reliefs et de paysages.
La partie occidentale, la moins élevée du massif, est occupée par des plateaux granitiques disloqués, aux paysages monotones, vestiges de la vieille pénéplaine post-hercynienne, s’élevant entre 300 m et 1 000 m d’altitude : plateaux du Rouergue et du Ségala, de la Châtaigneraie, du Limousin (plateau de Millevaches) et de Combraille.
Alors que les plateaux du Limousin entrent progressivement en contact avec le Bassin parisien, la retombée du Massif central sur le Couloir séquano-rhodanien (à l’est) et sur la plaine du Languedoc (au sud) est beaucoup plus brutale. Le rebord oriental est constitué par une succession de grands blocs cristallins, depuis le Morvan (Haut-Folin, 901 m) au nord jusqu’à la barrière granitique et schisteuse des Cévennes (mont Lozère, 1 699 m ; mont Aigoual, 1 567 m) au sud. Englobant les monts du Charolais (970 m), du Beaujolais (1 000 m), du Lyonnais (934 m) et du Vivarais (mont Gerbier-de-Jonc, 1 551 m), ces blocs cristallins sont entrecoupés de dépressions (bassins d’Autun, de Montceau-les-Mines, de Saint-Étienne) dont les sédiments primaires carbonifères recèlent des gisements houillers.
Le sud du Massif central est composé de montagnes cristallines (Montagne Noire, 1 210 m ; Espinouse ; monts de Lacaune, Sidobre) et de hauts plateaux sédimentaires des Causses (causse Noir, causse Méjean, causse du Larzac, etc.), puissantes tables de calcaires jurassiques au relief karstique (aven Armand) et découpées par de profonds canyons (gorges du Tarn, de la Jonte).
Le centre du Massif central est la partie la plus élevée. Elle juxtapose une vaste région de volcans éteints (Auvergne) et des horsts de socle cristallin qui s’étendent depuis les monts de la Madeleine au nord jusqu’à la Margeride et le Gévaudan au sud, en englobant les monts du Livradois et du Forez, aux formes lourdes et aux vallées profondément encaissées (gorges de la Truyère, de la Sioule, de l’Allier, de la Cère, etc.).
Les grandes cassures du socle ont donné lieu à des éruptions volcaniques au tertiaire et au quaternaire et à des épanchements de lave (basalte) à l’origine de nombreux édifices volcaniques, notamment en Auvergne : monts du Velay (mont Mézenc, 1 754 m), cônes volcaniques de la chaîne des Puys, massif du Cantal (2 500 km2), planèzes de Saint-Flour et de l’Aubrac, plateaux volcaniques ou cheires (Cézallier, 1 555 m), coulées de basalte du Coiron (Vivarais) et de l’Escandorgue (au sud du Massif central). Les points culminants du Massif central correspondent aux vestiges d’anciens volcans : puy de Sancy (1 886 m, dans les monts Dore), Plomb du Cantal (1 855 m, dans le Cantal) et puy de Dôme (1 464 m, dans la chaîne des Puys).
Le nord du Massif central est ouvert par de grands fossés tectoniques longitudinaux, correspondant aux vallées de la Loire et de l’Allier : Bourbonnais, Limagne (Grande Limagne ou Limagne de Clermont, limagnes d’Issoire et de Brioude), bassin du Puy, bassin d’Ambert, bassin de Roanne, plaine du Forez, bassin de Montluçon (vallée du Cher). Ces plaines d’effondrement ont été remblayées par d’épais dépôts détritiques arrachés par l’érosion aux hauteurs voisines.
3.2.2.5 Maures, Estérel, Corse
D’autres blocs hercyniens ont été rajeunis dans le sud-est de la France, en bordure de la Méditerranée. Au sud des Alpes, en Provence, s’élèvent le massif schisteux des Maures (signal de la Sauvette, 780 m) et le massif de l’Estérel (mont Vinaigre, 618 m), constitué de porphyres. Le vieux socle hercynien de la Corse (altitude moyenne : 570 m), cristallin à l’ouest et schisteux au nord-est (Castagniccia), a été plus vigoureusement soulevé (monte Cinto, 2 710 m).
3.3 Plaines et plateaux
3.3.1 Caractéristiques générales
La France du Nord et de l’Ouest est constituée par des terres peu élevées, aux contrastes topographiques atténués. Le paysage dominant est celui des plaines, des collines et des bas plateaux, ondulant à une altitude moyenne inférieure à 250 m. Cette France des bas pays est la plus favorable à l’agriculture et aux communications. On distingue quatre ensembles structuraux : les grands bassins sédimentaires (Bassin parisien, Bassin aquitain), les plaines d’effondrement (Limagne, Sillon Saône-Rhône, plaine d’Alsace), les plaines d’accumulation littorales (Flandre maritime, plaines du Bas-Languedoc et du Bas-Rhône) et enfin les vieilles pénéplaines des massifs anciens hercyniens faiblement rajeunies (Massif armoricain, Ardenne). Un ensemble de seuils facilite le passage entre ces différentes plaines : seuil de Bourgogne (entre le Bassin parisien et le Couloir séquano-rhodanien), seuil du Poitou (entre le Bassin parisien et le Bassin aquitain), seuil de Naurouze ou du Lauragais (entre le Bassin aquitain et la plaine languedocienne), seuil du Cambrésis ou de Bapaume (entre le Bassin parisien et la Flandre).
Les paléoclimats du tertiaire et du quaternaire ont laissé de nombreux vestiges, témoignant d’une érosion beaucoup plus active que celle qui prévaut aujourd’hui. Ainsi, la meulière et l’argile à silex du Bassin parisien, le kaolin en Bretagne ou les modelés karstiques du Bassin aquitain sont des formations héritées des phases chaudes du tertiaire (altération, décomposition, karstification). Les amples vallées alluviales du Bassin parisien, nappées de colluvions, les terrasses fluviatiles de la Garonne, directement liées aux variations du niveau marin, les dépôts éoliens (limons ou lœss du Bassin parisien) ou glaciaires (moraines de la vallée du Rhône) sont autant de modelés hérités des actions glaciaires et périglaciaires (gélifraction, gélivation) du quaternaire.
3.3.2 Cuvettes sédimentaires
Deux grands bassins sédimentaires se sont développés dans des cuvettes du vieux socle hercynien. Ils couvrent près de la moitié du territoire français. La sédimentation de ces bassins de subsidence s’est effectuée au cours de l’ère secondaire (mésozoïque) et de l’ère tertiaire. Affaissés dans leur centre (subsidence), ceux-ci offrent des horizons plats entrecoupés de reliefs plus marqués (vallées encaissées, cuestas, collines). On retrouve le soubassement hercynien à une profondeur de 3 000 m dans le Bassin parisien (Brie) et à plus de 7 000 m dans le Bassin aquitain (Landes).
3.3.2.1 Bassin parisien
Le Bassin parisien (altitude moyenne : 178 m) occupe la plus grande partie de la France septentrionale. Il couvre environ 180 000 km2, soit un tiers du territoire. Bordé par des massifs anciens (Ardenne au nord-est, Vosges à l’est, Massif central au sud, Massif armoricain à l’ouest), il présente une large ouverture sur la Manche et se rattache, au nord, au-delà des collines de l’Artois et de la Thiérache, à la Flandre et à la grande plaine d’Europe du Nord. Il s’étend principalement sur les Régions Île-de-France, Picardie, Champagne-Ardenne, Lorraine, Bourgogne, Centre, Basse-Normandie et Haute-Normandie.
Le Bassin parisien est constitué de roches secondaires et tertiaires (calcaires, marnes, craies, argiles, sables, grès) localement recouvertes de dépôts superficiels ; certains sont très favorables à l’agriculture, comme les riches limons de plateaux, dépôts éoliens de lœss, datant du quaternaire, épais de plusieurs mètres, qui caractérisent notamment l’Île-de-France (Brie, Valois, Vexin), la Beauce, la Picardie et la Normandie (pays de Caux).
D’une altitude inférieure à 200 m au centre (entre 25 m et 129 m à Paris), le Bassin parisien se relève sur ses périphéries occidentales, pour atteindre 400 m d’altitude dans les collines du Perche, au contact du Massif armoricain, et sur ses périphéries orientales, jusqu’à 500 m d’altitude, dans les plateaux de Lorraine et de Haute-Saône (plateau de Langres).
Au centre s’étendent des plaines et des bas plateaux structuraux (plaine de France, Beauce, Brie, Hurepoix, Vexin) surmontés de buttes témoins et dominant les vallées par des coteaux parfois abrupts. À l’ouest et au nord dominent les plateaux de craie (pays d’Auge, pays de Caux, Picardie), accidentés de dépressions argileuses (boutonnières du Boulonnais et du pays de Bray). Au sud, le paysage se caractérise, de part et d’autre de la vallée de la Loire (Val de Loire), par des plaines sablo-marneuses ou sablo-argileuses (Puisaye, Brenne, Sologne), des collines (Sancerrois, Boischaut) et des plateaux (Maine, Berry) aux talus peu accentués, souvent adoucis par des épandages de sables siliceux issus du Massif central. À l’est, le Bassin parisien se caractérise par un paysage de cuestas, disposées en auréoles concentriques de plus en plus relevées vers l’est. Celles-ci se succèdent depuis l’Île-de-France jusqu’aux Vosges (Lorraine), faisant alterner plateaux de revers (Argonne, Champagne crayeuse, Hauts-de-Meuse) développés dans des roches dures (calcaires, craies, grès), talus ou cuestas (côtes de l’Île-de-France, de Champagne, de Meuse, de Moselle, etc.) et dépressions (plaines) creusées par les vallées dans des affleurements de roches tendres, argileuses ou marneuses (Champagne humide, Woëvre).
L’ensemble du Bassin parisien se caractérise par de grandes vallées alluviales, larges et souvent encaissées, aux versants dissymétriques, tapissées de colluvions. Le centre du Bassin parisien est drainé par le réseau hydrographique de la Seine, le sud étant arrosé par celui de la Loire. À l’est, la Meuse, la Moselle et leurs affluents s’écoulent vers la mer du Nord.
3.3.2.2 Bassin aquitain
Le Bassin aquitain (altitude moyenne : 135 m), dans le Sud-Ouest, est un bassin sédimentaire dissymétrique, constituant la majeure partie des Régions Aquitaine et Midi-Pyrénées ainsi qu’une portion de la Région Poitou-Charentes. Bordé par le Massif central à l’est et par la chaîne des Pyrénées au sud, il est largement ouvert sur l’océan Atlantique à l’ouest (golfe de Gascogne). Moins vaste que le Bassin parisien, il couvre une superficie de 80 000 km2. Sa structure est également différente, en raison de l’environnement montagneux. Les séries sédimentaires d’âge secondaire, essentiellement calcaires, ont été recouvertes, au centre et au sud du Bassin aquitain, par une grande épaisseur de dépôts détritiques (molasse) d’âge tertiaire et quaternaire, issus de l’érosion pyrénéenne et dont l’accumulation forme l’actuel piémont pyrénéen. Au quaternaire est venu se superposer, au pied du massif pyrénéen, le vaste cône de déjection caillouteux du plateau de Lannemezan, construit par les torrents pyrénéens alimentés par la fonte des glaciers.
Le Bassin aquitain offre un paysage varié de plaines et de plateaux étagés drainé par la Garonne et ses affluents. De faible altitude au centre et à l’ouest, il se relève à près de 500 m sur ses périphéries montagneuses orientales (Massif central) et méridionales (Pyrénées). On distingue trois grandes unités régionales : au nord de la Garonne s’étendent des plaines (Charentes, Aunis, Saintonge) et des plateaux karstiques (causses du Quercy, Périgord) développés dans les affleurements de calcaires secondaires et relevés au contact du Massif central ; au sud de la Garonne, le paysage est caractérisé par des collines molassiques, dissymétriques et découpées dans le piémont détritique par les cours d’eau pyrénéens (Adour, gaves). Constituées essentiellement de roches tendres et disposées en éventail au pied des montagnes, elles forment un relief peu marqué : coteaux de Gascogne, collines de l’Armagnac et du Gers, Chalosse, etc. À l’ouest, en bordure de l’océan Atlantique, s’étend la vaste plaine sableuse des Landes, immense épandage de sables quaternaires, saturés d’eau en hiver. Elle est séparée de la mer par un large cordon dunaire, long de 200 km, abritant de nombreux étangs d’eau douce. L’ample vallée de la Garonne se caractérise par ses terrasses alluviales étagées ou emboîtées.
3.3.3 Massifs anciens
D’altitude modeste, le Massif armoricain (altitude moyenne : 104 m), à l’extrême ouest, et l’Ardenne, au nord, sont deux massifs anciens arasés et faiblement rajeunis. Les reliefs usés de cette vieille pénéplaine offrent un paysage vallonné de collines et de bas plateaux monotones, aux formes lourdes et aux vallées encaissées.
3.3.3.1 Massif armoricain
Le Massif armoricain (65 000 km2) s’étend sur la Bretagne (monts d’Arrée, 384 m ; Montagnes Noires, 326 m ; Trégorrois, Cornouaille), la Région des Pays de la Loire (Vendée, Anjou, Maine) et la Normandie occidentale. Il culmine au mont des Avaloirs (417 m) et à la forêt d’Écouves (417 m), dans le Bas-Maine (Mayenne).
3.3.3.2 Ardenne
Dans le nord de la France s’étend l’extrémité sud-ouest de l’Ardenne, vaste massif ancien pénéplané, constitué principalement de grès et de schistes, qui s’étend essentiellement en Belgique et au Luxembourg, et offre un paysage monotone de collines et de plateaux forestiers entaillés par des vallées profondes (Meuse). L’Ardenne française culmine à 505 m au sommet de la Croix-Scaille.
3.3.4 Fossés d’effondrement
Les plaines d’effondrement (fossé rhénan, Couloir Saône-Rhône, Limagne du Massif central) occupent des fossés tectoniques résultant des dislocations tertiaires. Elles ont été remblayées par l’accumulation des matériaux détritiques arrachés aux hautes et moyennes montagnes environnantes.
3.3.4.1 Limagne
Située au nord du Massif central, la Limagne est un ensemble de bassins drainés par l’Allier. Le plus vaste d’entre eux, la plaine de la Grande Limagne ou Limagne de Clermont, est surmonté de buttes d’origine volcanique au sud, de terrasses sableuses à l’est (les Varennes) et de sols marneux très fertiles au centre.
3.3.4.2 Fossé rhénan
Le fossé rhénan, entre les Vosges et le massif de la Forêt Noire, est une plaine de remblaiement traversée par le Rhin (plaine d’Alsace sur la rive gauche du Rhin, pays de Bade sur la rive droite). Il communique avec le Couloir séquano-rhodanien par la trouée de Belfort.
3.3.4.3 Sillon de la Saône
Le Sillon de la Saône (entre Morvan et Jura) et du Rhône (entre Alpes et Massif central) forme un axe longitudinal de 400 km de long, depuis la retombée méridionale du massif vosgien au nord jusqu’aux plaines côtières méditerranéennes au sud. Les hauts rebords occidentaux (plateaux bourguignons, retombée du Massif central) correspondent à des escarpements de failles. Les rebords orientaux sont liés à une structure plissée chevauchante (Jura, Préalpes).
D’une largeur pouvant varier de 60 km à quelques kilomètres dans les défilés du Rhône moyen (Tournon, Donzère) et d’une altitude généralement inférieure à 400 m, le Sillon de la Saône présente une succession de plaines alluviales et de bas plateaux : plaine de la Bresse, plateau de la Dombes (collines morainiques parsemées d’étangs), Bas-Dauphiné (dépôts détritiques et morainiques) et Comtat venaissin (plaine de remblaiement édifiée par le Rhône et la Durance).
3.3.5 Plaines maritimes
Les plaines côtières sont des zones d’accumulation construites par des alluvions fluviatiles (Languedoc, Corse), marines (Flandre maritime) ou fluvio-marines (plaine deltaïque de la Camargue et de la Crau).
Dans le nord de la France, les collines crayeuses de l’Artois, d’une altitude supérieure à 200 m par endroits, et les collines de la Thiérache séparent le Bassin parisien de la plaine de Flandre (mont Cassel, 176 m), qui constitue la terminaison sud-occidentale de la grande plaine d’Europe du Nord. De formation plus récente que le bassin de Paris, la Flandre est une région de basses plaines argileuses et sableuses (Flandre maritime, plaine de la Lys).
Au sud du Couloir rhodanien s’étendent les plaines méditerranéennes du Bas-Languedoc et du Bas-Rhône, en arrière du golfe du Lion. La basse plaine marécageuse de la Camargue, qui correspond au delta du Rhône, constitue un milieu amphibie encore très sauvage (réserve naturelle de Vaccarès). Elle s’oppose à l’est à la plaine caillouteuse et steppique de la Crau, l’ancien delta de la Durance, aujourd’hui abondamment irrigué. À l’ouest s’étendent les plaines du Languedoc et du Roussillon. Située entre les Corbières au nord, le massif du Canigou à l’ouest et les Albères au sud, la plaine du Roussillon est un ancien golfe occupant une plaine d’effondrement, comblé par des débris arrachés aux massifs environnants. La plaine du Languedoc s’élève vers l’intérieur par des gradins calcaires (les Garrigues, Minervois) jusqu’aux premiers reliefs bordant le Massif central (Montagne Noire, Espinouse). En Corse, les plaines sont rares et exclusivement situées en position littorale (Balagne, plaine d’Aléria).
3.4 Littoral
3.4.1 Caractéristiques générales
La France métropolitaine dispose d’un littoral de près de 5 500 km (en comptant les échancrures), qui présente l’originalité d’être ouvert à la fois sur l’océan Atlantique et ses mers bordières (mer du Nord, Manche) et sur la mer Méditerranée, bordée de plusieurs îles dont la plus grande est la Corse. Parmi les autres îles figurent les îles d’Hyères et les îles de Lérins en Méditerranée, les îles d’Oléron, d’Aix, de Ré, d’Yeu, de Noirmoutier, d’Houat, Belle-Île, l’île aux Moines, l’île de Groix, les îles de Glénan, de Sein, d’Ouessant, et de Molène dans l’océan Atlantique, les îles de Batz, de Bréhat et les îles Chausey dans la Manche. Le littoral atlantique, baigné par les eaux de la dérive nord-atlantique et caractérisé par une grande étendue de la plate-forme continentale, est soumis à l’action d’une houle puissante et à de fortes marées. Il s’oppose à la côte méditerranéenne, qui possède une plate-forme continentale étroite et connaît des marées de très faible amplitude.
Le littoral français présente en outre une très grande variété de reliefs et de modelés. Le trait de côte, fixé il y a seulement 6 000 à 8 000 ans, à l’issue de la déglaciation, a connu de profondes modifications au cours des différentes phases des glaciations quaternaires : le niveau marin a en effet subi d’importantes variations, oscillant entre - 150 m et 80 m par rapport au zéro marin actuel.
3.4.2 Littoraux rocheux
On distingue deux grands types de côtes : les littoraux rocheux et les côtes basses sableuses. Souvent élevées et abruptes (falaises), les côtes rocheuses caractérisent les régions montagneuses (Alpes maritimes, Pyrénées orientales et atlantiques), les massifs anciens hercyniens (Massif armoricain, Maures, Estérel, Corse) et les plateaux sédimentaires du Bassin parisien (pays de Caux, pays d’Auge). Sur l’Atlantique, les côtes échancrées du littoral breton (Côte d’Émeraude, Côte de Granit rose, etc.) et des Pyrénées (falaises schisteuses du Pays basque) s’opposent aux hautes falaises rectilignes des plateaux sédimentaires de Normandie (Côte d’Albâtre) et de Picardie (Côte d’Opale) qui dominent la Manche. Les côtes bretonnes, profondément indentées, présentent une succession de caps, de baies, de presqu’îles, de golfes et de rias, souvent favorables aux abris portuaires (cap Fréhel, golfe de Saint-Malo, cap Sizun, pointe du Raz, baie d’Audierne, presqu’île de Crozon, golfe du Morbihan, etc.). Les falaises blanches (craie, calcaire) de Normandie et de Picardie sont entaillées par des vallées sèches suspendues (valleuses), tronquées par le recul rapide de la falaise.
Elles alternent avec des côtes basses d’accumulations fluvio-marines à l’approche des estuaires (baie de Somme, Marquenterre, baie de la Seine, baie du Mont-Saint-Michel).
Les côtes rocheuses méditerranéennes, découpées et souvent élevées, correspondent au littoral provençal (à l’est de l’étang de Berre), à la Côte d’Azur et à la Corse : calanques de la région de Cassis, falaises de porphyres de l’Estérel, « calanches » de Piana, sur la côte ouest de la Corse, etc.
3.4.3 Côtes basses sableuses
Les côtes basses sableuses caractérisent les plaines littorales, bordées par des côtes d’accumulation et régularisées par l’action répétée des vagues, de la dérive littorale et des courants côtiers. Le littoral flamand, plat et rectiligne, est longé par un long cordon dunaire, en grande partie fixé par la végétation. L’ancien marais flandrien est aujourd’hui totalement poldérisé. Du sud de la Bretagne à la Gironde, le littoral atlantique se caractérise par une côte basse sableuse (Marais breton, Brière, Marais poitevin) au dessin irrégulier, entrecoupée de pointements rocheux formant une succession de golfes et de caps. Au sud de la Gironde, la côte landaise, bordée par un cordon dunaire, est régularisée et rectiligne, avec pour seule échancrure le bassin d’Arcachon. Les plaines méditerranéennes sont également ourlées par une côte sableuse et régularisée, bordée par un étroit cordon littoral (lido) qui isole un chapelet d’étangs lagunaires (étangs de Leucate, de Thau, etc.) communiquant avec la mer par des passages, les graus.
4 HYDROGRAPHIE
4.1 Organisation géographique du réseau hydrographique français
L’organisation du réseau hydrographique de la France est commandée par l’agencement du relief. Véritable château d’eau alimenté par les précipitations apportées par les perturbations venues de l’Atlantique, le Massif central constitue la principale ligne de partage des eaux entre les bassins versants tributaires de la Manche, de l’océan Atlantique et de la mer Méditerranée.
L’Atlantique reçoit les eaux des réseaux hydrographiques de la Loire et de la Garonne, ainsi que de nombreux fleuves côtiers (Aulne, Blavet, Vilaine, Sèvre Niortaise, Charente, Adour). La Manche reçoit les eaux des bassins de la Somme et de la Seine, ainsi que celles des fleuves côtiers de Normandie (Orne) et de Bretagne septentrionale (Rance). Les cours d’eau tributaires de la Méditerranée sont représentés par le réseau hydrographique du Rhône moyen et inférieur et de son principal affluent, la Saône, ainsi que quelques fleuves côtiers (Var, Hérault, Aude). Le Rhin et son affluent la Moselle, la Meuse et son affluent la Sambre, et l’Escaut, s’écoulent vers la mer du Nord.
4.2 Principaux fleuves
Les quatre principaux fleuves de la France sont la Seine au nord, la Loire à l’ouest, le Rhône à l’est et la Garonne au sud-ouest. Ils se caractérisent par des débits et une extension relativement modestes comparés aux grands fleuves européens (Danube, Volga).
4.2.1 Loire
Plus long fleuve français, la Loire (1 020 km) prend sa source au pied du mont Gerbier-de-Jonc, à 1 400 m d’altitude, dans les monts du Velay (Massif central). Elle draine un bassin de 115 000 km2 (en comparaison, celui du Danube s’étend sur 800 000 km2). Son débit moyen est d’environ 1 000 m3/s à son embouchure. La Loire connaît un régime très irrégulier, marqué par de hautes eaux hivernales et par un étiage estival très prononcé, avec un débit de 200 m3/s à la fin de l’été. Le fleuve se réduit alors à d’étroits chenaux séparés par de larges bancs de sable.
Mal domestiquée, coulant au-dessus de sa plaine inondable du fait de l’exhaussement de son lit (ensablement) et entre des levées (turcies) aménagées et consolidées par l’homme, la Loire est réputée pour ses crues brutales et parfois catastrophiques, avec un débit pouvant atteindre jusqu’à 9 000 m3/s. Ses principaux affluents sont la Nièvre et la Maine pour la rive droite, l’Allier, le Cher, l’Indre, la Vienne, le Thouet et la Sèvre Nantaise pour la rive gauche. La Loire se jette dans l’océan Atlantique par un long estuaire où se sont implantés deux grands ports, Nantes et Saint-Nazaire.
4.2.2 Rhône
Le Rhône (813 km, dont 522 km en France) est un fleuve puissant, le plus important en termes de débit (1 500 m3/s en moyenne à son embouchure contre 6 500 m3/s pour le Danube). Il prend sa source dans les Alpes suisses (glacier du Rhône), à une altitude de 1 850 m environ, puis pénètre en France, au-delà de Genève et du lac Léman. Il draine un bassin de quelque 100 000 km2. Alimenté par des affluents au régime très diversifié, venant des Vosges (Saône), du Jura (Ain), des Alpes (Durance, Isère) et de la bordure du Massif central (Ardèche), il se caractérise par un débit important toute l’année. Ses principaux affluents sont l’Ain, la Saône (sous-affluent : le Doubs), l’Ardèche et le Gard pour la rive droite ; l’Isère, la Drôme, l’Aigues et la Durance (sous-affluent : le Verdon) pour la rive gauche. Il a formé à son embouchure, dans la mer Méditerranée, un vaste delta (Camargue).
Le Rhône est aujourd’hui domestiqué sur la quasi-totalité de son cours. Il a bénéficié d’un plan d’aménagement mené depuis les années 1930 par la Compagnie nationale du Rhône (CNR), reposant sur la construction de barrages, d’aménagements hydroélectriques, d’équipements industriels et sur le développement de l’irrigation. Malgré ces importants travaux, le débit du fleuve n’est pas totalement maîtrisé à ce jour. Il peut atteindre jusqu’à 10 000 m3/s lors de crues brutales et souvent dévastatrices, comme celles de l’automne 1993. Importante voie de passage, la vallée du Rhône, au sud de Lyon, est devenue, grâce à ces aménagements, un axe industriel et urbain majeur de l’espace français.
4.2.3 Seine
La Seine (776 km) draine un bassin de plus de 80 000 km2. Elle prend sa source dans le plateau de Langres, en Bourgogne, à 471 m d’altitude. Bénéficiant d’une alimentation homogène, elle possède un débit moyen relativement faible (autour de 500 m3/s à son embouchure), caractérisé par un régime de hautes eaux hivernales et de basses eaux estivales, mais le fleuve peut néanmoins connaître des crues exceptionnelles ou de graves étiages, rendus de plus en plus rares, toutefois, par les importants aménagements hydrauliques (bassins-réservoirs) réalisés dans le bassin supérieur du fleuve.
La Seine constitue l’axe majeur de peuplement et d’activités économiques de la France. Ses principaux affluents sont l’Oise, la Marne et l’Aube pour la rive droite, l’Yonne, le Loing, l’Eure et la Risle pour la rive gauche. La Seine se jette dans la Manche (voir baie de la Seine) par un long estuaire où se sont établis deux grands ports, Rouen et Le Havre.
4.2.4 Garonne
La Garonne (575 km, 650 km avec l’estuaire de la Gironde) est le principal fleuve du sud-ouest de la France. Elle draine un bassin d’environ 55 000 km2. Elle prend naissance dans les Pyrénées espagnoles (massif de la Maladetta), à environ 1 900 m d’altitude. Son débit moyen est de 700 m3/s à son embouchure. Son régime est complexe et très irrégulier avec de hautes eaux hivernales et un long étiage durant les mois d’été et d’automne. Ce fleuve est lui aussi réputé pour la soudaineté de ses crues, aux conséquences parfois catastrophiques, malgré d’importants aménagements hydrauliques (barrages).
Les principaux affluents de la Garonne sont l’Ariège, le Tarn et le Lot pour la rive droite, la Save, le Gers et la Baïse pour la rive gauche. La confluence de la Garonne et de la Dordogne forme l’estuaire de la Gironde.
4.2.5 Rhin et autres fleuves du nord-est de la France
Le nord-est de la France est drainé par trois fleuves : le Rhin, la Meuse et l’Escaut. Né en Suisse, le Rhin (1 320 km, dont 195 km en France) présente un débit moyen de 1 000 m3/s à son embouchure, aux Pays-Bas. Ses principaux affluents en France sont la Moselle et l’Ill.
4.3 Principaux lacs
La France possède peu de lacs, et ceux-ci sont d’une superficie moyenne. Certains ont une origine naturelle : lacs d’origine glaciaire (lac Léman, lac du Bourget, lac d’Annecy, etc.) et lacs d’origine volcanique (lac Pavin, en Auvergne), étangs lagunaires de la côte méditerranéenne (étangs de Berre, de Vaccarès, de Thau, de Leucate, etc.).
D’autres ont une origine artificielle comme les nombreux lacs-réservoirs de barrages (voir Serre-Ponçon, barrage de). Le plus grand lac naturel français, excepté le lac Léman, dont la majeure partie se situe en Suisse, est le lac du Bourget (45 km2).
5 CLIMAT
5.1 Caractéristiques générales
5.1.1 Un climat tempéré océanique
Traversée par le 45e parallèle, la France se situe dans la zone tempérée de l’hémisphère Nord. Grâce à sa large ouverture sur l’océan Atlantique, dont les eaux sont adoucies par la dérive nord-atlantique, elle bénéficie d’un climat tempéré océanique. Les vents dominants de secteur ouest, souvent chargés d’humidité, prolongent loin vers l’intérieur les influences maritimes adoucissantes. Toutefois, celles-ci se dégradent vers l’est sous l’effet des influences continentales.
5.1.2 De forts contrastes climatiques
Le climat français présente de forts contrastes régionaux et saisonniers. Cette diversité s’explique par la combinaison de plusieurs facteurs : la latitude, la circulation atmosphérique d’ouest, la disposition des reliefs (large ouverture maritime, domaine montagnard), l’influence de la continentalité vers l’est du pays et l’affrontement entre trois masses d’air (air polaire maritime frais et humide, air continental froid et sec, air tropical chaud et sec). La circulation générale d’ouest en est apporte en toutes saisons les perturbations atlantiques du front polaire. Elle est à l’origine d’une forte instabilité climatique qui se traduit par de rapides changements de temps.
On constate tout d’abord une forte opposition entre le nord et le sud de la France concernant les isothermes. Les températures atteignent parfois un écart de plus de 15 °C. À ce contraste thermique se superpose une opposition entre l’ouest, dont le climat est plus doux et plus humide, car largement ouvert aux influences et aux perturbations océaniques, et l’est de la France, davantage soumis aux influences continentales. La disposition des températures montre donc deux gradients : une augmentation vers le sud et une diminution vers l’intérieur des terres.
5.2 Saisons
5.2.1 Hiver
L’hiver est bien marqué sur l’ensemble du territoire français. Les températures hivernales montrent une opposition entre le littoral, privilégié, et l’intérieur du pays. L’hiver se caractérise, dans les régions littorales atlantiques et méditerranéennes, par la douceur des températures ( 11 °C de moyenne hivernale à Monaco). Le gel y est un phénomène exceptionnel. Les températures s’abaissent progressivement vers l’intérieur, en raison des effets de la continentalité ou de l’altitude. La Lorraine ou l’Alsace connaissent une moyenne hivernale négative. Le minimum enregistré en hiver est - 41 °C à Mouthe (Doubs) en 1985.
5.2.2 Été
L’été est également bien net sur l’ensemble de l’Hexagone, y compris dans les régions montagneuses. Les températures estivales, supérieures à 20 °C sur tout le territoire, montrent à la fois une opposition entre le nord et le sud du pays, et entre l’intérieur et le littoral. Les températures et l’ensoleillement augmentent du nord au sud. Les midis aquitain et méditerranéen sont le domaine du soleil. L’été y est chaud et sec, avec des températures moyennes supérieures à 22 °C. Le bilan radiatif y est beaucoup plus élevé que dans le Nord (autour de 1 600 heures d’ensoleillement à Lille contre 2 900 heures à Toulon). Les maxima de température enregistrés en été sont de 44 °C à Toulouse en Haute-Garonne (1923) et, plus récemment, de 43,9 °C à Entrecastaux (Var) en 1982.
5.3 Précipitations
5.3.1 Répartition temporelle des précipitations
Les précipitations sont abondantes toute l’année dans l’Ouest de la France, mais inégalement réparties. Elles diminuent vers l’intérieur, mais augmentent avec l’altitude. Dans le Sud, elles sont surtout fréquentes sous forme d’averses en automne et au printemps. Les moyennes annuelles sont d’environ 600 mm à Paris ou à Marseille et de 800 mm à Lyon.
Le climat de la France présente de fortes irrégularités interannuelles. Les excès climatiques sont fréquents, tant au point de vue des températures que des précipitations : inondations catastrophiques (Corse, décembre 1993), vagues de froid (février 1956), abondantes chutes de neige en plaine (vallée du Rhône, 1970), sécheresse prolongée (été 1976), absence de neige dans les montagnes (fin des années 1980).
5.3.2 Répartition géographique des précipitations
De grands écarts de précipitations sont observables selon les régions. Les régions montagneuses du littoral et de l’intérieur, abondamment arrosées, reçoivent en moyenne 1 400 mm par an, voire plus de 2 000 mm au mont Aigoual. Les précipitations sont inférieures à 600 mm annuels dans certaines plaines du nord du Bassin parisien et dans les secteurs en situation d’abri (bassins du Massif central, plaines méditerranéennes), en contrebas des reliefs montagneux. L’Alsace est l’une des régions les moins arrosées de France.
5.4 Vents
5.4.1 Vents continentaux
La France, et plus particulièrement ses régions occidentales, est soumise à des vents océaniques dominants de secteur ouest. Relativement frais et tempérés, de direction sud-ouest en hiver (suroît) et nord-ouest en été (noroît), ceux-ci prolongent loin vers l’est la douceur océanique. En hiver et au printemps surtout, le nord-est du pays subit des vents froids continentaux, de secteur nord-est, comme la bise émise par les anticyclones continentaux stationnés sur l’Europe centrale.
5.4.2 Vents locaux
Il existe également de nombreux vents locaux. Ainsi, l’une des particularités météorologiques du sud de la France est la présence du mistral, vent violent de secteur nord (bise continentale de secteur nord-est canalisée par le Couloir Saône-Rhône) qui souffle dans la région méditerranéenne (plus de 100 jours par an dans le Bas-Rhône) à des vitesses pouvant atteindre 200 km/h. Les autres vents locaux méditerranéens sont l’autan (vent de secteur sud-est, chaud et humide, venu de la mer Méditerranée) et la tramontane (vent de secteur nord-ouest, froid et sec). Les montagnes sont régulièrement soumises à un vent de sud-est, chaud et sec, le fœhn.
5.5 Spécificités climatiques régionales
En raison de sa double appartenance à l’Europe du Nord et à l’Europe du Sud, la France se situe à la charnière des trois grands domaines climatiques de l’Europe (océanique, continental et méditerranéen). Chacun de ces trois types de climats y est représenté, mais de façon inégale.
5.5.1 Domaine océanique
5.5.1.1 Climat océanique atlantique
Le domaine océanique est le plus étendu. On distingue le climat océanique typique (atlantique ou breton) du climat océanique de transition. Le climat océanique atlantique est brumeux, doux et humide en toutes saisons en raison des effets modérateurs de l’océan. Il caractérise l’ouest de la France au nord de la Vendée. La faible altitude des reliefs (plaines, collines, bas plateaux) y favorise la pénétration des influences océaniques vers l’intérieur du territoire. Les contrastes thermiques y sont peu accusés (faible amplitude thermique annuelle, hivers doux et étés frais). La dérive nord-atlantique (voir Gulf Stream) et les vents dominants de secteur ouest adoucissent les températures en hiver et les rafraîchissent en été.
La douceur océanique se conjugue à une forte humidité. Les perturbations atlantiques, issues des dépressions formées sur l’océan le long du front polaire (affrontement entre les masses d’air polaire et les masses d’air tropical), se succèdent toute l’année et sont à l’origine de précipitations abondantes (voir météorologie). Celles-ci tombent plus de 200 jours par an, le plus souvent sous la forme de fines averses (crachin). Le temps d’ensoleillement est modeste et le temps facilement instable. Brest connaît une température moyenne de 10,8 °C et un total annuel des précipitations de 1 100 mm en moyenne.
5.5.1.2 Climat océanique de transition
Le climat aquitain est davantage ensoleillé, avec des hivers plus doux et des étés plus chauds et moins humides. Il est soumis à une double influence océanique et méditerranéenne (hautes pressions subtropicales en été), avec des précipitations parfois très violentes en été et surtout en automne.
Le climat océanique se dégrade progressivement à la fois vers l’intérieur et vers le sud. Le climat parisien, moins humide et à l’amplitude thermique plus importante (étés plus chauds, hivers plus froids), présente déjà des nuances à caractère continental. Les précipitations enregistrent un maximum estival (orages). Paris a une température moyenne de 3,2 °C en janvier et de 19,5 °C en juillet.
Le climat océanique connaît, vers l’est (Lorraine, Haute-Bourgogne) et dans les dépressions bien abritées (Alsace, Limagne, Couloir de la Saône), une dégradation continentale plus accusée en raison des influences climatiques venues de l’Europe centrale. L’influence continentale, bien qu’atténuée, donne lieu, dans l’est de la France, à des hivers froids, plus ou moins humides et davantage exposés au gel, et à des étés chauds et orageux. Le climat devient nettement plus sec, les reliefs montagneux arrêtant une grande partie des précipitations. L’amplitude thermique est plus forte : Strasbourg connaît une température moyenne de 0,8 °C en janvier et de 19,1 °C en juillet. À Nancy, la température moyenne annuelle est de 9,5 °C et le total annuel des précipitations oscille autour de 700 mm.
5.5.2 Domaine méditerranéen
Le climat méditerranéen caractérise le sud-est de la France et la Corse, dont l’originalité est déterminée par la latitude méridionale, la présence d’une mer chaude et l’existence de reliefs montagneux faisant en partie obstacle aux influences venues du nord ou de l’ouest. Marge climatique, à la charnière du monde tempéré et du monde subtropical, la France méditerranéenne bénéficie en été d’une remontée en latitude des masses d’air tropical chaud et sec (anticyclone des Açores). Le climat méditerranéen alterne donc des étés conjuguant chaleur, ensoleillement et sécheresse, et des hivers cléments, durant lesquels la circulation perturbée d’ouest l’emporte. L’essentiel des précipitations tombe durant les saisons intermédiaires (automne, printemps) et présente parfois un caractère torrentiel, notamment à la fin de l’été et au début de l’automne. Les rivières, à l’étiage estival très bas, subissent alors un brusque gonflement de leurs eaux, qui peut provoquer des crues importantes.
Nîmes connaît une température annuelle moyenne de 14,2 °C et reçoit en moyenne près de 740 mm de précipitations par an. Ajaccio, plus au sud, bénéficie d’une température moyenne annuelle de 16,1 °C et reçoit en moyenne 698 mm de précipitations par an.
5.5.3 Domaine montagnard
5.5.3.1 Caractéristiques générales
Les reliefs montagneux s’accompagnent d’une dégradation du climat de plaines. L’altitude, la pente et l’exposition influent sur la température, qui diminue d’environ 1 °C par tranche de 180 m d’altitude (en raison d’une baisse de pression). L’ascension des masses d’air, provoquée par la pente montagneuse, entraîne un accroissement des précipitations, principalement sous forme de neige durant la saison froide, supérieures à 2 m pour les massifs les plus élevés.
Le climat montagnard (moyennes et hautes montagnes) est donc plus rigoureux et plus humide, et se caractérise par des précipitations neigeuses abondantes, un enneigement prolongé et par la fréquence du gel (plus de 100 jours par an). En été, les températures accusent de forts contrastes diurnes et un rafraîchissement nocturne.
5.5.3.2 Spécificités régionales
Le climat montagnard présente cependant des nuances régionales (étés inégalement chauds, importance et durée de l’enneigement) selon les massifs. Ainsi, aux Alpes du Nord, qui connaissent un climat montagnard à tendance continentale, frais et humide, avec une forte amplitude thermique annuelle et un fort enneigement, s’opposent les Alpes du Sud et les Pyrénées orientales, davantage méditerranéennes, plus sèches et plus ensoleillées, tandis qu’un climat montagnard de type océanique, très humide et plus ou moins froid, caractérise le Massif central (Limousin), les Vosges occidentales et les Pyrénées atlantiques.
Lus-la-Croix-Haute (Alpes du Nord) connaît une température moyenne annuelle de 7,4 °C et reçoit en moyenne près de 1 100 mm de précipitations annuelles. Les Escalades, dans les Pyrénées-Orientales, a une température moyenne annuelle de 8,1 °C mais ne reçoit que 597 mm. Les différences d’exposition entre les versants ensoleillés exposés au sud (adret dans les Alpes, soulane dans les Pyrénées) et les versants faiblement ensoleillés exposés au nord (ubac dans les Alpes, ombrée dans les Pyrénées) introduisent également des nuances locales.
6 VÉGÉTATION ET FAUNE
6.1 Végétation
6.1.1 Caractéristiques générales
La France métropolitaine se caractérise par une grande richesse botanique, allant des lichens et des mousses de type arctique et alpin à des espèces semi-tropicales comme les oliviers et les orangers. Au début du néolithique, la quasi-totalité du territoire était probablement recouverte de forêts, qui ont progressivement disparu dans le cadre d’un processus plus ou moins continu de défrichements.
La forêt française (taillis, futaie), dominée par les bois durs, couvrait 15 millions d'hectares en 2000, soit 27,9 p. 100 du territoire, ce qui fait de la France l’une des plus grandes réserves forestières d’Europe (28 p. 100 de la couverture forestière européenne). Elle est constituée à 61 p. 100 de feuillus (chênes, hêtres, peupliers), à 29 p. 100 de résineux et à 10 p. 100 de forêt mixte en voie d’enrésinement.
La France présente deux grands domaines végétaux, en étroite relation avec le climat : le domaine bioclimatique méditerranéen et le domaine bioclimatique océanique, aux nuances variées pour l’un comme pour l’autre, notamment lorsqu’ils interfèrent avec le domaine montagnard.
6.1.2 Domaine bioclimatique océanique
La France océanique, caractérisée par une végétation naturelle de forêt à feuilles caduques développées sur des sols brun forestier, est le domaine de la chênaie (35 p. 100 de la surface forestière) et de la hêtraie. Le nord de la France présente des variétés de chênes sessiles ou pédonculés, souvent mélangés au hêtre. Le chêne pubescent domine en Aquitaine et dans la vallée du Rhône. Le hêtre est surtout présent dans les régions soumises au climat océanique maritime (Bretagne, Normandie), caractérisé par de fortes précipitations.
Parmi les autres essences figurent le bouleau, les charmes, les châtaigniers et les noyers, ainsi que les résineux, héritage de paléoclimats plus froids du quaternaire (Picardie). La dégradation des forêts atlantiques a par ailleurs donné naissance à une végétation basse de lande océanique (bruyère, genêts, ajoncs) évoluant sur des sols lessivés.
6.1.3 Domaine bioclimatique méditerranéen
La végétation du domaine méditerranéen présente une adaptation au climat, caractérisé par la sécheresse estivale et par la chaleur : feuilles et tiges protégées d’une couche cireuse, écorces épaisses, rameaux courts, épines ou petites feuilles, longues racines pénétrant profondément dans le sol à la recherche de l’humidité, etc. La végétation climacique y est une forêt dominée par les chênes verts (yeuseraie), caractérisée par de petites feuilles sempervirentes.
Les autres espèces sont le pin (pin parasol, pin d’Alep), le châtaignier, le chêne-liège, l’olivier, les bruyères, le laurier, le lentisque, la lavande ou encore le ciste.
La forêt méditerranéenne actuelle est une forme très dégradée de la forêt climacique, à l’image des formations basses qui constituent le maquis ou la garrigue. Développé sur un sol généralement siliceux (massifs anciens), le maquis (Corse, Estérel, Maures) se caractérise par une végétation buissonnante, très difficilement pénétrable, composée d’arbustes serrés (arbousier, châtaignier, bruyère arborescente, ciste, olivier sauvage). La garrigue (romarin, lavande, thym, chêne kermès), développée sur des sols calcaires, présente une couverture végétale beaucoup plus ouverte.
Les conditions climatiques (sécheresse, vents violents, sols squelettiques) rendent la forêt méditerranéenne très fragile et particulièrement exposée aux incendies.
6.1.4 Domaine bioclimatique montagnard
Les régions de hautes montagnes sont caractérisées par une végétation étagée. Les fonds de vallées sont le domaine des champs et des prairies. Les versants montagneux sont couverts de forêts. Les feuillus, dominés par le hêtre, se mêlent aux sapins dans l’étage montagnard (entre 500 et 1 500 m d’altitude). Au-dessus (étage subalpin, 1 500 à 2 400 m), ils cèdent la place aux forêts de conifères (épicéas, mélèzes, pins). La limite de la forêt varie entre 1 800 m et 2 400 m d’altitude selon les massifs, en fonction du taux d’ensoleillement, de l’humidité et de l’exposition. Au-delà (étage alpin) se développent les formations basses de la pelouse alpine (prairies) constituant les alpages. voir étages de végétation.
6.1.5 Principaux massifs forestiers
La forêt landaise (1 million d’ha), essentiellement composée de pins maritimes et aujourd’hui préservée par l’instauration d’un parc naturel régional, est la plus vaste forêt d’Europe de l’Ouest. Elle occupe une ancienne plaine marécageuse et insalubre, terres ingrates à la végétation pauvre (lande océanique), dont le drainage et le boisement ont été entrepris sous le second Empire, vers 1857.
Les autres grands massifs forestiers sont l’Ardenne (100 000 ha), les Vosges (95 000 ha), les Maures (67 000 ha) et l’Argonne (45 000 ha). Les principales forêts sont la forêt d’Orléans (46 000 ha), de Fontainebleau (25 000 ha), de Bitche (20 000 ha), d’Haguenau (15 000 ha) et de Compiègne (14 500 ha).
Grâce à une active politique de reboisement, menée depuis plusieurs décennies, la forêt française a fortement progressé (11 millions d’ha en 1965, 14,8 millions en 1992). Mais, parallèlement, les amputations qu’elle subit sont multiples : défrichement, au rythme de 10 000 ha par an en moyenne (urbanisation) et surtout incendies de forêts, qui anéantissent chaque année plusieurs dizaines de milliers d’hectares. La forêt méditerranéenne est la plus touchée. En 1976, 88 300 ha de forêts ont été détruits par le feu, dont 48 p. 100 en zone méditerranéenne. En 1990, 70 000 ha ont été anéantis, dont 80 p. 100 pour la seule forêt méditerranéenne. Les résineux sont les espèces les plus privilégiées par le reboisement, car ils sont dotés d’un rendement plus élevé que les feuillus.
6.2 Faune
La France métropolitaine est assez riche en espèces animales. On recense ainsi 521 espèces de vertébrés se reproduisant régulièrement sur le territoire, comprenant une centaine d’espèces de mammifères, plus de 270 espèces d’oiseaux, environ 35 espèces d’amphibiens et 30 de reptiles, ainsi qu’une centaine d’espèces de poissons d’eau douce.
Mais les activités humaines (urbanisation, déboisement, développement du tourisme, etc.) font peser des menaces importantes sur la survie de nombreuses espèces. Pour la seule France métropolitaine, sur environ 150 espèces animales menacées à des degrés divers, 122 sont considérées comme « strictement menacées ». Par ailleurs, 8 espèces de vertébrés ont totalement disparu du territoire depuis le milieu du xixe siècle.
6.2.1 Mammifères
On compte, en France métropolitaine, une centaine d’espèces différentes de mammifères. Mais, à l’instar du reste de l’Europe occidentale, les grands mammifères sont peu représentés. Les plus communs sont le cerf, le daim et le chevreuil. L’ours, s’il a fait l’objet de programmes de réintroduction dans les Pyrénées, n’est plus représenté que par quelques individus, menacés. On rencontre des chamois dans les hautes régions des Alpes et des sangliers dans certaines forêts. Parmi les mammifères de taille plus modeste figurent, notamment, le hérisson d’Europe, le lapin de garenne, le lièvre brun (sur tout le territoire) et le lièvre variable (uniquement dans les Alpes), ainsi que plusieurs carnivores de la famille des mustélidés (belette, putois, vison d’Europe).
6.2.2 Oiseaux, reptiles et poissons
Les oiseaux, variés et nombreux, comprennent des espèces résidentes et des migrateurs. Les reptiles de la métropole sont représentés par une trentaine d’espèces, et les seuls venimeux sont les vipères. La carpe, la truite et le brochet sont les poissons d’eau douce les plus courants. Les eaux côtières de l’Atlantique et de la Méditerranée recèlent de très nombreuses espèces de poissons marins : morue, hareng, merlan, maquereau, flétan, sardine, thon, dorade, sole, etc.
7 LA FRANCE D’OUTRE-MER
7.1 Caractéristiques générales : diversité et traits communs
7.1.1 Superficie
Très dispersées, les dix possessions françaises d’outre-mer, qui couvrent une superficie totale de 559 440 km2, dont 91 000 km2 pour la Guyane et 432 000 km2 pour la seule terre Adélie, présentent une grande variété de paysages et de climats.
7.1.2 Relief
Les possessions françaises ont toutefois de nombreux traits en commun : outre la Guyane (Amérique du Sud) et la terre Adélie (Antarctique), ce sont des terres insulaires volcaniques ou coralliennes (sauf la Nouvelle-Calédonie), éparpillées dans tous les océans du monde (mer des Caraïbes, océan Atlantique, océan Pacifique, océan Indien et océan Antarctique), bénéficiant d’un climat tropical humide (excepté les terres Australes et Antarctiques françaises et Saint-Pierre-et-Miquelon). Elles montrent en outre une opposition majeure entre l’intérieur montagneux, très peu peuplé, et une étroite plaine côtière qui concentre la majeure partie de la population et des activités économiques.
7.1.3 Climat et végétation
Le climat tropical, chaud et humide, favorise un couvert végétal dense et luxuriant, d’une grande richesse botanique (2 000 espèces en Martinique). Saint-Denis de la Réunion connaît une température moyenne annuelle de 23,5 °C et reçoit quelque 1 530 mm de précipitations annuelles. On constate cependant une nette opposition entre les versants exposés « au vent » (alizé), très arrosés et à la végétation tropicale luxuriante, et les versants situés « sous le vent », plus secs et à la végétation plus steppique. La mangrove, essentiellement constituée de palétuviers, caractérise les littoraux tropicaux vaseux (y compris en Guyane).
7.1.4 Faune
La faune de la France d’outre-mer est extrêmement diversifiée, principalement dans les terres situées en zone tropicale, et comprend de nombreuses espèces endémiques. À titre d’exemple, la Guyane française abrite plus de 180 espèces de mammifères et près de 700 espèces d’oiseaux. On trouve, sur l’ensemble des terres d’outre-mer, plus de 200 espèces de reptiles. Les invertébrés sont également très diversifiés avec, par exemple, environ 400 espèces différentes de mollusques terrestres pour la Guyane et plus de 300 pour la Polynésie française.
7.1.5 Risques naturels
Les risques naturels sont importants : nombreuses sont les régions parmi ces territoires à être exposées à une menace tellurique (séismes, raz de marée ou tsunamis), au volcanisme explosif et aux cyclones tropicaux dévastateurs.
7.2 Les Antilles françaises et la Réunion
La Martinique (1 100 km²) et la Guadeloupe (1 690 km²), distantes de 150 km et situées dans l’archipel des Antilles (mer des Caraïbes), en bordure de la plaque des Caraïbes, et la Réunion (2 511 km²), dans l’océan Indien, à 700 km à l’est de Madagascar, sont trois petites îles volcaniques. L’intérieur montagneux présente un paysage de dômes volcaniques élevés, ravinés par les pluies tropicales, et de collines escarpées, les mornes, anciens volcans fortement érodés.
La Guadeloupe comprend deux îles principales, l’île de Basse-Terre, montagneuse et volcanique, dominée par le volcan de la Soufrière (1 467 m), dont la dernière éruption importante date de 1976, et l’île de Grande Terre, basse et calcaire, séparée par un étroit chenal de marée, la rivière Salée. Les îles de La Désirade, de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy lui sont rattachées.
La Martinique est dominée par la montagne Pelée (1 397 m), et la Réunion, constituée par un empilement de coulées de lave, par le piton des Neiges (3 069 m) et le piton de la Fournaise (2 631 m), aux coulées de lave périodiques. En 1902, l’explosion de la montagne Pelée a fait 28 000 victimes, détruisant la ville de Saint-Pierre.
Le climat oppose une saison sèche en hiver (« carême ») et une saison humide en été (« hivernage »). Des cyclones dévastateurs peuvent s’abattre sur ces îles à la fin de l’été (fin août-début octobre) ; en septembre 1989, la Guadeloupe a ainsi été ravagée par le cyclone Hugo. Le littoral montre une alternance de côtes rocheuses à falaises et de côtes basses vaseuses à mangroves ou sableuses protégées par des récifs coralliens (cayes).
7.3 La Guyane
Plus au sud, la Guyane (91 000 km2), située entre le Suriname et le Brésil, connaît un climat subéquatorial (chaleur constante et très forte humidité) favorable au développement d’une végétation luxuriante. Elle est constituée par un vaste plateau (vieux socle pénéplané) dominé par des inselbergs et recouvert par la forêt dense, qui jouxte la grande forêt amazonienne du Brésil. Le littoral est bordé de mangroves (palétuviers).
7.4 Saint-Pierre-et-Miquelon et les terres Australes
Saint-Pierre-et-Miquelon (242 km²), située au sud de Terre-Neuve, au large du Canada, à la convergence des eaux froides du courant du Labrador et des eaux chaudes du Gulf Stream, connaît un climat rude, froid et brumeux, de type périglaciaire. Elle est recouverte d’une végétation basse de toundra.
Les petites îles et archipels volcaniques des terres Australes et Antarctiques françaises (îles Kerguelen, 6 000 km² ; archipel des Crozet, 300 km2 ; Nouvelle-Amsterdam, 60 km2 ; Saint-Paul, 7 km2) présentent des conditions encore plus rudes. La terre Adélie, qui abrite des bases scientifiques, appartient à l’immense inlandsis antarctique.
7.5 Les îles du Pacifique
7.5.1 La Nouvelle-Calédonie
Bordée par la mer de Corail, la Nouvelle-Calédonie (19 103 km²), en Mélanésie, à 1 500 km à l’est de l’Australie, est la plus grande île française du Pacifique (deux fois la taille de la Corse). C’est une île calcaire montagneuse, culminant à 1 650 m d’altitude. Les îles Loyauté et l’île des Pins, atolls coralliens, lui sont rattachées. Une belle barrière de corail (récif-barrière) protège un magnifique lagon.
7.5.2 La Polynésie française
La Polynésie française, dans l’océan Pacifique, à 5 700 km de l’Australie et à 6 200 km des côtes américaines, est composée de cinq archipels : les archipel de la Société (îles du Vent avec Tahiti, îles Sous-le-Vent avec Bora-Bora), les îles Gambier, les îles Tuamotu, les îles Marquises et les îles Australes). Elle comprend près de 130 îles volcaniques (volcanisme de point chaud) et atolls coralliens à peine émergés, entourés de coraux, soit environ 4 000 km2 de terres émergées éparpillées dans 5,5 millions de km2 d’océan Pacifique. Les cyclones tropicaux sont rares. Situé entre la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna (voir Mélanésie) comprend deux îles volcaniques, Wallis et Futuna (274 km2).
8 CONTRAINTES ET RESSOURCES DU MILIEU NATUREL FRANÇAIS
Le sous-sol français n’est riche ni en minerais ni en combustibles fossiles. Le milieu naturel, en général peu contraignant, offre cependant de nombreux atouts : accessibilité, potentiel touristique (mer, montagne, patrimoine paysager), agricole (clémence du climat, fertilité des sols) et forestier, ressources maritimes et hydrauliques.
8.1 Cadre physique
La France bénéficie d’une situation géographique privilégiée, à la charnière entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud, avec une double ouverture sur l’Atlantique et sur la Méditerranée. Elle bénéficie également d’un cadre physique favorable (climat, forêt, sols, accessibilité naturelle). L’aération du relief par de vastes étendues de plaines et de bas plateaux à l’ouest, et l’existence de grands couloirs de pénétration (amples vallées fluviales, fossés tectoniques) à l’intérieur des reliefs montagneux, au centre et à l’est, ainsi que la présence de seuils (Poitou, Lauragais, Bourgogne, Cambrésis) facilitent les communications à l’intérieur du territoire. Les chaînes de hautes montagnes, situées à la périphérie, n’entravent pas les communications intérieures. Seul le Massif central a longtemps constitué un obstacle naturel.
8.2 Ressources minérales et énergétiques
Le sous-sol français recèle peu de matières premières minérales (minerai de fer, potasse, bauxite, nickel) et d’énergies fossiles (charbon, hydrocarbures, uranium) à usage industriel.
8.2.1 Charbon
Le charbon a longtemps constitué la principale ressource minérale française, mais l’exploitation en est condamnée à terme. Les réserves de charbon sont estimées entre 500 et 600 millions de t, mais la rentabilité est remise en cause par la qualité médiocre et par des conditions difficiles d’exploitation (mines souterraines profondes). Le bassin houiller du Nord, longtemps le plus important gisement en France, a cessé toute activité en 1991. Les principaux gisements en activité sont aujourd’hui les bassins houillers de Lorraine (Forbach) et de Provence (gisement de lignite de Gardanne).
8.2.2 Hydrocarbures
La France possède des réserves d’hydrocarbures très limitées. Une prospection active a été menée sur le territoire français et dans les mers bordières, mais les résultats sont restés décevants. Les gisements, localisés en Aquitaine et dans la Brie, sont dispersés et peu productifs.
Le gisement de gaz naturel de Lacq est menacé d’épuisement. L’uranium (Bessines, La Crouzille) est actuellement la première ressource énergétique nationale. Les réserves sont estimées à 70 000 t (environ 3 p. 100 des réserves mondiales).
8.2.3 Minerais
La France est mieux dotée en minerais. Le gisement de minerai de fer de Lorraine, le plus important d’Europe occidentale, situé sous les côtes de Moselle, est phosphoreux et de faible teneur. Il connaît, comme le gisement de potasse d’Alsace ou les gisements de bauxite du Midi, une forte baisse de production.
Le nickel constitue la principale richesse de Nouvelle-Calédonie (un quart des réserves mondiales), qui possède également des mines de cobalt et de chrome. Sa production, victime de la concurrence internationale, tend à diminuer. La France possède encore d’importants gisements sous-marins de nodules polymétalliques, dans l’océan Pacifique, mais leur extraction et leur exploitation industrielle en sont encore à l’état expérimental.
8.3 Catastrophes et risques naturels
8.3.1 Typologie et répartition géographique des risques naturels
Différents types de risques naturels d’ordre climatique (sécheresse, coups de froid, tempêtes, cyclones tropicaux), tellurique (séismes), volcanique (Antilles françaises, Réunion), fluviale (inondations) ou autres (glissements de terrain, coulées de boue, avalanches, etc.) peuvent être recensés sur l’ensemble du territoire. Près de 10 200 communes sont directement menacées par une ou plusieurs de ces catastrophes naturelles.
Le quart sud-est de la France cumule le plus grand nombre de risques ; des pluies diluviennes s’abattent ainsi notamment, à la fin de l’été ou à l’automne, sur le sud de la France, où elles provoquent régulièrement des crues brutales et des inondations catastrophiques (importants dégâts matériels) et parfois meurtrières (10 morts à Nîmes en 1988 ; plus de 30 morts à Vaison-la-Romaine en septembre 1992).
8.3.2 Origines des risques naturels
La plupart de ces risques naturels sont une conséquence de l’action humaine. De nombreux milieux ont, en effet, été fragilisés par des aménagements souvent inconsidérés. La « bétonisation » excessive (routes, parkings) réduit fortement l’infiltrabilité des sols, l’arrachage des haies favorise le ruissellement superficiel et les coulées de boue, etc. La construction en zone inondable suffit à transformer une inondation importante en une catastrophe.
De même, l’aménagement des versants montagneux n’a pas toujours tenu compte des précautions indispensables, comme l’attestent les avalanches meurtrières ou les coulées de boue. En juillet 1987, la catastrophe du Grand-Bornand (Haute-Savoie), provoquée par une crue exceptionnelle du torrent du Borne à la suite d’un orage d’une rare violence, a fait 21 morts et 2 disparus. En février 1999, les avalanches ont tué au moins 60 personnes dans les Alpes françaises, autrichiennes, suisses et italiennes, dont 12 dans la vallée de Chamonix-Mont-Blanc. En outre, le risque de tremblement de terre sur la Côte d’Azur est accru par l’intense urbanisation littorale.
8.3.3 Solutions et mesures envisagées
D’importants aménagements hydrauliques, couplés avec des équipements hydroélectriques (barrages-réservoirs), ont été réalisés par les pouvoirs publics afin de régulariser le régime des cours d’eau et, par conséquent, limiter les dangers des inondations. Tous les grands fleuves français et leurs affluents en ont bénéficié. La Seine ou le Rhône sont aujourd’hui des fleuves presque complètement maîtrisés. Toutefois, le projet de régularisation de la Loire, dernier grand fleuve sauvage de France et d’Europe, n’a finalement été que partiellement réalisé, en raison de nombreuses pressions écologistes (construction de deux barrages à Naussac et à Chambonchard).
8.4 Domaine maritime
8.4.1 Un potentiel considérable
La double ouverture sur l’océan Atlantique (et ses mers bordières, la Manche et la mer du Nord) et sur la mer Méditerranée dote la France métropolitaine d’une façade littorale de 2 690 km et d’un domaine maritime de 150 000 km2. Grâce à ses possessions d’outre-mer, réparties dans tous les océans du globe, elle dispose d’un vaste domaine maritime de 10 millions de km2, en vertu du principe de la zone économique exclusive (ZEE) qui s’étend jusqu’à 200 milles nautiques (370 km) des côtes. La France bénéficie donc d’un immense espace maritime aux potentialités très diversifiées (ressources halieutiques, échanges commerciaux), ouvert sur les différents espaces économiques mondiaux (aire Pacifique, etc.).
Les DOM-TOM ont une importance géopolitique et géostratégique certaine, dans la mesure où ils permettent à la France d’affirmer sa présence partout dans le monde. Leur potentiel économique reste à ce jour sous-valorisé, en raison d’une trop faible intégration dans leur aire régionale.
8.4.2 Exploitation des ressources
Les littoraux français ont été longtemps délaissés par une population tournée vers l’intérieur des terres. Ils offrent aujourd’hui de grandes ressources (tourisme, pêche et aquaculture, sites portuaires et commerce maritime). Le potentiel offert par les mers et par les franges côtières a été déjà largement entamé par une exploitation, parfois excessive, au point de fragiliser le milieu ou d’épuiser les ressources (pollution des côtes et des mers, bétonisation du littoral, surexploitation des fonds océaniques, disparition ou raréfaction des ressources halieutiques, etc.). La prospection pétrolière dans les mers bordières est, à ce jour, infructueuse, et l’exploitation des vastes gisements de nodules polymétalliques de l’océan Pacifique, au large de la Polynésie, reste encore très hypothétique.
8.5 Contraintes d’hier, ressources d’aujourd’hui
8.5.1 Évolution de l’exploitation du milieu naturel
La notion de ressources a fortement évolué depuis les années 1950. Pendant longtemps, les seules ressources naturelles de la France se limitaient au potentiel agricole et aux gisements de matières premières (charbon, minerai de fer, potasse). Ces dernières, qui n’ont jamais été très importantes, ont connu un profond déclin (épuisement des gisements, rentabilité insuffisante) après avoir fortement contribué à l’industrialisation du pays.
Parallèlement, l’évolution de la société mettant en valeur des milieux autrefois très défavorisés, de nouvelles ressources sont apparues. Certains de ces milieux (fleuves, hautes et moyennes montagnes, littoraux, sols incultes), longtemps considérés comme répulsifs, sont aujourd’hui créateurs de richesses. Ces espaces, alors en marge du territoire, ont connu, au terme d’aménagements de grande ampleur, un renversement spectaculaire de leurs potentialités au point d’être aujourd’hui des atouts majeurs dans l’organisation du territoire.
8.5.2 Aménagements du littoral
L’exemple le plus frappant est la colonisation et la transformation des côtes basses sableuses (Aquitaine, Languedoc-Roussillon), espaces autrefois insalubres et inutilisés, voués aux moustiques et au paludisme, et des zones de haute montagne, maintenant consacrés au tourisme de masse (tourisme balnéaire, sports d’hiver).
Parmi les principaux aménagements littoraux figure, à partir des années 1960, l’équipement spectaculaire du littoral languedocien en un immense complexe balnéaire. Les efforts ont également porté sur l’amélioration de la qualité des sols au moyen de procédés naturels ou artificiels : amendement par chaulage (Massif armoricain, XIXe siècle), bonification des marais maritimes par poldérisation (Flandre, Marais poitevin, Marais breton, Brière). De nombreuses régions aux sols autrefois incultes sont ainsi devenues de riches terres agricoles ; la transformation des plateaux secs et crayeux de la Champagne pouilleuse en une riche campagne céréalière, à très fort potentiel agricole grâce à l’apport massif d’engrais depuis les années 1950 en est une parfaite illustration. On peut également citer la transformation des landes de Gascogne, plaine marécageuse et insalubre, asséchée et métamorphosée, il y a plus d’un siècle, en un immense massif forestier de pins maritimes.
8.5.3 Aménagements de la montagne
La haute montagne française, faiblement exploitée (alpages) et longtemps dépourvue d’implantations humaines permanentes en raison de la rudesse du milieu (climat rigoureux, vigueur des pentes), a connu pareille métamorphose à la suite des politiques d’aménagement touristique qui ont marqué les années 1960-1980. Des stations intégrées de sports d’hiver ont été créées de toutes pièces à des altitudes élevées. Cette bétonisation de la montagne a entraîné une transformation spectaculaire du paysage montagnard et de son économie, mettant en valeur des éléments du milieu jusqu’alors répulsifs, comme l’enneigement, les ubacs (versants exposés au nord permettant un enneigement plus long), abandonnés à la forêt dans l’économie traditionnelle de montagne, la pente et l’altitude. Grâce à leurs nouveaux atouts (neige, pentes), les hautes montagnes françaises offrent désormais d’importantes ressources touristiques, aujourd’hui intensivement exploitées. Les moyennes montagnes, moins bien pourvues en cet « or blanc » que représente la neige, sont restées partiellement à l’écart de cette revitalisation. Elles demeurent à ce jour des milieux souvent peu attractifs, victimes du dépeuplement.
8.6 Potentiel agricole
8.6.1 Richesse des sols
La clémence du climat, les faibles contraintes du relief, la qualité et la variété des sols donnent à la France un excellent potentiel agricole et forestier. Les trois quarts du territoire possèdent des sols assez favorables, tandis que le quart restant est couvert de sols médiocres ou pauvres. Une grande partie de la France appartient à la zone des sols bruns forestiers issus de la décomposition des forêts de feuillus atlantiques (à feuilles caduques). En général peu lessivés, ces sols zonaux (liés au climat et à la végétation climacique) sont riches en matière organique et constituent d’excellentes terres arables.
8.6.2 Une exploitation inégale
Beaucoup de ces sols bruns connaissent une dégradation sous les influences du climat et du degré de lessivage (sols à tendance podzolique du nord et de l’ouest de la France). Certains sols sont azonaux, issus de l’altération de la roche en place, comme l’argile à silex, sols humides et lourds provenant de la décomposition de la craie (pays d’Auge, Perche) ou encore la terra rossa, argiles de décalcification à bon potentiel agricole, dont la couleur rougeâtre est liée à la concentration des oxydes de fer. La terra rossa tapisse localement la région méditerranéenne, dominée le plus souvent par des sols squelettiques peu favorables aux cultures.
Les dépôts superficiels présentent des potentiels agricoles diversifiés. De vastes plateaux du Bassin parisien ont été recouverts de lœss, ou limons de plateaux, accumulation d’origine éolienne parfois épaisse de plusieurs mètres et d’une très grande fertilité. D’autres régions ont été recouvertes par des épandages de sables argilo-sableux et caillouteux en provenance du Massif central. De très faible valeur agricole (sols acides), ils sont parsemés d’étangs, de landes ou de forêts (Sologne, Brenne).
Parmi les autres types de sols médiocres, voire stériles, ou difficiles à exploiter figurent les rendzines de certains plateaux calcaires (sols secs, peu épais et caillouteux) du nord du Bassin parisien, les sols acides des régions cristallines (massifs anciens), les terres marécageuses, les sols argileux trop lourds ou encore les sols squelettiques ou inexistants de certains plateaux karstiques (Causses).
8.6.3 Techniques modernes d’exploitation
Toutefois, des aménagements ont permis la conquête agricole d’une partie d’entre eux. Modifiés et améliorés par les hommes (chaulage, fertilisation par engrais chimiques, irrigation, poldérisation), des sols naguère considérés comme ingrats sont aujourd’hui dotés d’un excellent potentiel agricole (Champagne sèche, Massif armoricain, marais flandrien). L’irrigation a ainsi transformé une partie du Midi méditerranéen (plaine caillouteuse de la Crau) en une riche plaine agricole.
8.7 Potentiel hydraulique
8.7.1 Abondance des ressources
La France possède de grandes ressources hydrauliques offrant de multiples possibilités d’utilisation (tourisme, loisirs, hydroélectricité, eau potable, irrigation, etc.).
Les disponibilités en eau sont abondantes, mais inégalement réparties sur l’ensemble du territoire du fait des diversités climatiques et géologiques régionales. Les précipitations (pluies, neige) déversent sur la France en moyenne près de 450 milliards de m3 d’eau par an. Plus de la moitié s’évapore. Le reste alimente les cours d’eau et les nappes phréatiques (par infiltration). Les eaux de surface fournissent 50 p. 100 des besoins en eaux d’origine domestique, agricole, industrielle ou énergétique. Le reste de la consommation nationale est fourni par les nappes aquifères, principalement localisées dans les vallées alluviales et les terrains sédimentaires. Le bilan hydraulique de la France est globalement satisfaisant, les disponibilités en eau étant supérieures aux besoins.
8.7.2 Ressources hydrauliques et industrialisation
Toutefois, plusieurs années de sécheresse plus ou moins prononcée ont fortement entamé les réserves, contraignant certaines régions à limiter leur consommation. La France doit également faire face à une consommation d’eau annuelle croissante, du fait des progrès de l’urbanisation et des besoins domestiques (élévation du niveau de vie), et surtout des besoins de l’agriculture (développement de l’irrigation). Les centrales électriques sont les premières consommatrices (plus de 50 p. 100), suivies par l’agriculture, la consommation domestique en eau potable et l’industrie.
8.7.3 Politiques de l’eau
Pourtant, la surexploitation, les sécheresses successives et la pollution des eaux douces par les rejets industriels et urbains, ainsi que par les engrais agricoles, qui atteint des degrés très élevés en certains endroits, hypothèquent le potentiel hydraulique. Une politique de l’eau a été mise en place par les pouvoirs publics à partir des années 1960. Les objectifs sont la lutte contre la pollution des nappes et des rivières et la régularisation des régimes des cours d’eau. Plus de 60 barrages-réservoirs ont ainsi été construits afin d’augmenter le volume d’eau stockée en France. Parallèlement, le potentiel hydroélectrique de l’est de la France (Alpes, Rhône, Rhin) a été mis en valeur par de nombreux équipements (aménagement du bassin Arc-Isère ou du bassin Isère-Romanche).
8.8 Politique de l’environnement
8.8.1 Un bilan accablant
La France dispose d’un patrimoine naturel et paysager exceptionnel. Celui-ci subit de nombreuses nuisances, et bien des menaces planent sur l’environnement. De multiples interventions humaines ont eu des effets pervers : pollution de l’air et de l’eau (cours d’eau, nappes phréatiques, mers) par l’industrie et l’agriculture, grande consommatrice de produits chimiques (engrais, pesticides), bétonisation et urbanisation incontrôlées, déboisements abusifs et érosion des sols, etc.
8.8.2 Une politique volontariste
Une politique de protection de la nature et de l’environnement a progressivement été mise en place à partir des années 1960, bientôt chapeautée par le ministère de l’Environnement, créé au début des années 1970. La gestion du patrimoine naturel repose aujourd’hui sur un arsenal de mesures de protection des milieux naturels les plus fragiles ou les plus exposés aux agressions (marais, littoraux, montagnes). De nombreuses dispositions ont été prises afin de réduire la pollution des cours d’eau et des nappes phréatiques et d’améliorer la qualité de l’eau (multiplication des stations d’épuration pour le traitement des eaux usées et polluées). Depuis l’échouage du pétrolier géant Amoco Cadiz en 1978 sur la côte nord de la Bretagne (220 000 t de pétrole brut déversées dans la mer, 350 km de côtes polluées), des mesures draconiennes ont également été prises concernant les couloirs de navigation maritime. En 1975 a été créé le Conservatoire du littoral et des rivages lacustres, dont la mission est de protéger les espaces naturels littoraux ou lacustres. À ce jour, plus de 450 km de côtes ont été acquis et sauvegardés.
En 1976, une loi générale sur la protection de la nature prévoyant la réalisation d’études d’impact sur l’environnement avant tout aménagement a été adoptée. En 1977, la Directive d’aménagement national relative à la protection et à l’aménagement de la montagne a été mise en place. Elle a pour objectif de mettre fin à la bétonisation des montagnes en limitant et en contrôlant le développement de l’urbanisation en altitude. Les constructions sont désormais interdites au-dessus de 1 600 m dans les Alpes et au-dessus de 1 400 m dans les Pyrénées. De telles mesures limitant le nombre de constructions ont également été prises dans les zones littorales françaises, notamment sur la Côte d’Azur. En 1978, la Directive nationale relative à la protection et à l’aménagement du littoral interdit toute nouvelle construction à moins de 100 m des rivages marins ou lacustres.
Plusieurs lois ont été adoptées pendant les années 1980 : loi Montagne de 1985, loi sur l’eau de janvier 1992, réalisation d’un inventaire du patrimoine naturel. Des procédures de classement en parc naturel régional (1967) et national (1968) ont également été adoptées. Aujourd’hui, plus de 9 p. 100 du territoire français (métropolitain et outre-mer) sont préservés par 7 parcs nationaux, 26 parcs régionaux, 188 réserves naturelles et 2 518 sites classés (voir parcs nationaux et réserves naturelles). La France arrive au premier rang des pays de l’Union européenne pour la surface en zones protégées.